Scriabin: Le divin poème
Brussels Philharmonic, Kazushi Ono, Augustin Hadelich
Des nuages sonores de Brahms aux visions sonores de Scriabine : tout en demeurant attachés aux structures classiques, les deux compositeurs s’en éloignent. Brahms composa un concerto symphonique pour violon, Scriabine créa son célèbre « accord mystique ».
Libéré de bien des craintes après l’accueil positif de sa Deuxième Symphonie, Brahms s’attela à son Concerto pour violon, dédié au virtuose Joseph Joachim. Ce dernier l’accompagna tout au long du processus de composition, mais Brahms n’appliqua ses conseils qu’avec parcimonie. Il suivit sa propre voie et composa un concerto presque symphonique, dans lequel le rôle de l’orchestre est tout aussi important que celui du violon. Après les premières représentations, il se chuchota même qu’il s’agissait d’un « concerto contre, et non pour le violon ».
« Le Divin Poème représente la croissance de l’esprit humain qui se libère des légendes et des mystères, passe par le panthéisme et atteint enfin sa liberté et son unité avec l’univers », écrivit Alexandre Scriabine lors de la création de l’œuvre, sa Troisième Symphonie. Il n’avait pas encore complètement abandonné la tradition des symphonies classiques, mais annonçait déjà la vision sonore audacieuse de ses œuvres ultérieures. Le finale marque un moment important dans l’évolution de son travail de composition : « C’est la première fois que j’ai trouvé la lumière dans la musique... la première fois que j’ai ressenti une ivresse, une évasion, que j’ai connu l’essoufflement du bonheur. »
Flagey, Brussels Philharmonic