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Kit Armstrong / Marco Borggreve

Kit Armstrong

Programme

Wolfgang Amadeus Mozart (1756 – 1791)
Sonate pour piano n° 10 en do majeur, KV 330 (1783)

  1. Allegro moderato
  2. Andante cantabile
  3. Allegretto

 

Sonate pour piano n° 11 en la majeur, KV 331 (1783)

  1. Andante grazioso
  2. Menuetto
  3. Alla turca – Allegretto

 

Sonate pour piano n° 12 en fa majeur, KV 332 (1783)

  1. Allegro
  2. Adagio
  3. Allegro assai

 

Fin du concert : +/- 19:30

Biographie Kit Armstrong

Kit Armstrong (1992, Los Angeles) fascine le monde de la musique depuis ses débuts internationaux il y a vingt ans, à l’âge de quinze ans. Le New York Times le salue comme un « pianiste brillant ». Non sans raison car, si Armstrong est un génie du piano, il s’est également distingué dans des études de physique, de chimie et de mathématiques. Ce bagage scientifique inspire ses recherches en matière musicale. Ainsi, il explore les virginalistes du XVIe siècle et relie des raretés musicales aux grands chefs-d’œuvre du répertoire pianistique. En 2024 et 2025, il se concentre sur Wolfgang Amadeus Mozart et monte le projet Expedition Mozart. Accompagné d’un ensemble de musiciens de haut niveau choisis par lui, il se produit dans des salles prestigieuses comme la Philharmonie de Luxembourg et le Konzerthaus de Vienne. Il a étudié au Curtis Institute of Music et à la Royal Academy of Music de Londres. À sept ans, il étudiait déjà la composition et la physique à la Chapman University. Depuis 2005,  son mentor est Alfred Brendel. Son premier album, consacré aux œuvres de Byrd et Bull, a été acclamé par la critique et est sorti chez Deutsche Grammophon en 2021.

Commentaire

“Le goût maniéré de Mannheim”

Innovantes et visionnaires. Telles apparaissent les dix-huit sonates pour clavier composées par Wolfgang Amadeus Mozart entre 1774 et 1789. Les trois Sonates pour piano KV. 330, 331 et 332 (les numéros 10, 11 et 12) datent de 1783. Deux ans plus tôt, Mozart s’est installé à Vienne pour y faire carrière en tant que pianiste et compositeur indépendant. Ces sonates reflètent les nombreuses influences des voyages qui, en 1777 et 1778, l’ont notamment conduit à Mannheim et à Paris. Mannheim était alors le centre le plus important de l’art symphonique, grâce aux compositeurs-violonistes Johann Stamitz (1717-1757) et Johann Christian Cannabich (1731-1798). Leopold Mozart, le père de Wolfgang, qualifiera en plaisantant leur style Sturm und Drang de « goût maniéré de Mannheim » en raison des nombreux contrastes dynamiques, des phrases courtes et des motifs nerveux.

Mozart s’inspire largement du style Sturm und Drang dans ses sonates. Ainsi, il construit le thème de la joyeuse ouverture Allegro moderato de la Sonate en do majeur, KV. 330, avec des phrases courtes typiques. Par ailleurs, il compte sur ces sonates pour s’imposer dans les cercles de l’aristocratie viennoise et de la haute bourgeoisie comme un virtuose du clavier et un professeur. C’est pourquoi l’Allegro moderato et le dernier mouvement Allegretto sont particulièrement virtuoses et brillants. Les nombreux accords brisés et les passages rapides rappellent ses concertos pour piano, mais Mozart va plus loin : dans le dernier mouvement, il applique le principe du concertato, jouant avec les contrastes orchestraux entre « solo » et « tutti ».

Rondo alla turca

Un événement décisif lors des voyages de Mozart en 1777 et 1778 fut sa rencontre avec le facteur de pianos allemand Johann Andreas Stein (1728–1792) à Augsbourg. Mozart fut séduit par les améliorations des instruments à clavier de Stein, dotés de la mécanique à échappement (Prellzungenmechanik), qui permettait au marteau de frapper la corde plus facilement et rapidement. Dans une lettre à son père, il explique pourquoi :

« Maintenant, je préfère de loin ceux de Stein (...) Quand je frappe fort, je peux laisser mon doigt sur la touche ou le relever, le son disparaît dès que je l’ai produit. Peu importe comment je touche les touches, le ton est toujours uniforme – il ne vibre jamais, n’est jamais plus fort, plus faible ou totalement absent ; en bref, il est toujours égal. »

Les instruments de Stein offraient de nombreuses possibilités expressives nouvelles, permettant à Mozart de s’écarter des conventions formelles habituelles. Les trois Sonates pour clavier n° 10, 11 et 12 suivent toujours la structure traditionnelle en trois parties : généralement un premier mouvement rapide, suivi d’un mouvement central lent et d’un mouvement final rapide. Mais dans sa Sonate en la majeur, KV. 331 – l’une de ses sonates les plus populaires – Mozart opte pour une ouverture peu conventionnelle. L’Andante grazioso commence par un thème suivi de six variations. Le thème est tiré de la chanson folklorique tchèque Horela lípa, horela (la version allemande est : Freu dich mein Herz! Denk an kein Schmerz!). Comme dans la Sonate, KV. 330, la partie d’ouverture avec variations impose des techniques de jeu exigeantes, telles que des mains croisées, des octaves parallèles et des passages rapides. La sixième variation rapide annonce déjà le dernier mouvement. A la section centrale, élégante, un menuet, succède le célèbre Rondo alla turca.

Ce Rondo alla turca évoque la musique des janissaires, particulièrement populaire à la fin du XVIIIe siècle à Vienne. C’est pourquoi Mozart fait également référence à des thèmes et musiques turcs dans son Singspiel allemand L’Enlèvement au sérail (KV. 384) de 1784. En suggérant des tambours et des cymbales dans son Rondo alla turca, Mozart peint une image des soldats turcs richement vêtus. L’un des instruments de base de l’orchestre militaire turc était le piccolo, et les notes extrêmement rapides au centre du rondo y font référence.

Trop facile pour les enfants, trop difficile pour les adultes

Le célèbre pianiste Artur Schnabel (1882-1951) a un jour écrit que Mozart était « trop facile pour les enfants et trop difficile pour les adultes ». La Sonate en fa majeur, KV. 332, en est un bon exemple. La charmante section centrale Adagio n’est peut-être pas assez stimulante pour un enfant talentueux, mais un pianiste professionnel devra travailler dur pour rendre la musique à la fois expressive et simple. C’est une étude d’ornementation, dans laquelle Mozart indique très précisément tous les embellissements mélodiques.

Comme la section centrale, l’ouverture Allegro a un caractère principalement lyrique. Mozart suit essentiellement la forme sonate, mais l’interprète librement. Ainsi, il surprend l’interprète et l’auditeur avec un thème apparemment nouveau dans le développement – la section centrale de l’ouverture. C’est une technique souvent utilisée dans la musique par Joseph Haydn (1732-1809), l’un des grands modèles de Mozart. Dans le dernier mouvement Allegro assai, le style dramatique Sturm und Drang des compositeurs de Mannheim refait surface. Ce mouvement inhabituellement long et virtuose est considéré comme l’une des œuvres pour piano de Mozart les plus difficiles pour l’interprète.

Waldo Geuns

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version 08.10.2024

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